L’escompte : l’essentiel à savoir
Pour éviter des problèmes de trésorerie dans votre entreprise, plusieurs techniques de financement existent. Parmi elles, l’escompte permet de percevoir directement le montant que votre client doit vous verser, sans attendre un délai de paiement. Escompte bancaire ou commercial ? Système avantageux ou risqué ? Quels en sont les bénéficiaires et quel montant s’applique ? Zoom sur l’escompte pour une société.
L’escompte : définition
L’escompte est une des techniques qu’une entreprise peut utiliser pour un financement rapide et simple. Il s’agit d’obtenir un crédit à court terme, pour éviter les trous dans votre trésorerie. Cette technique est totalement facultative et ne doit pas être obligatoirement mise en place, elle reste une option pour toute entreprise, peu importe sa taille ou son secteur d’activité.
Quand vous vendez un produit ou un service à un client, il peut vous payer en effet de commerce. Il s'agit d’un document émis par le créancier pour ordonner le paiement à son débiteur avant une date d’échéance précise. Le montant est également fixé directement. Il s’agit généralement d’une lettre de change ou d’un billet à ordre. Par exemple, vous vendez un ordinateur à une autre entreprise. Vous pouvez émettre un effet de commerce prévoyant que cette dernière vous devra 1 000 € sous 30 jours.
Concrètement, le client vous devra un montant déterminé, à régler avant une date limite. Lors de ce délai d’attente, la trésorerie de votre entreprise peut être touchée, puisque vous êtes dans l’attente du règlement de votre client. Cette situation est appelée le décalage de trésorerie.
Les grandes entreprises peuvent généralement assumer ce décalage entre la vente et son paiement, car elles disposent souvent de ressources financières importantes pour supporter ce manque temporaire. En revanche, si vous avez une plus petite structure, notamment une PME ou TPE, vous risquez de faire face à une situation délicate. Si vous n’obtenez pas le règlement rapidement, il sera complexe de payer d’autres frais et charges professionnels, comme le loyer de vos locaux ou de la marchandise.
Pour contourner ce problème de financement, l’escompte apparaît alors comme une bonne solution. Sur ce point, vous pouvez escompter de deux manières différentes.
L’escompte bancaire
Première option : vous tourner vers une banque avec l’escompte bancaire. Dans ce cas de figure, vous demandez à ce qu'elle vous verse une avance de trésorerie, correspondant au montant que votre débiteur doit vous verser. Votre trésorerie ne baissera donc pas grâce à la somme immédiate que verse la banque.
En échange de cette somme versée à votre entreprise directement, la banque devient bénéficiaire de l’effet de commerce dont il est question. Votre débiteur règlera la somme due avant l’échéance à la banque. En plus de cela, celle-ci perçoit des frais sur l’escompte, en quelque sorte le règlement du service qu’elle vous rend.
L’escompte commercial
Deuxième option : l’escompte commercial. Cette autre technique évite de passer par une banque et donc de payer des frais supplémentaires C’est une option par laquelle vous autorisez votre client à régler plus tôt l’effet de commerce dû.
Le débiteur peut, s’il en a les moyens, s’acquitter de la facture avant l’échéance. En échange, il bénéficie d’un prix plus bas, accordé par votre entreprise. Ainsi, les entreprises peuvent régler à des coûts plus avantageux, tandis que le créancier, lui, est payé plus rapidement.
Attention, un escompte commercial n’est pas une remise, un rabais ou une réduction. En effet, l’escompte est encadré par un taux précis, défini par le créancier, et intervient en contrepartie d’un paiement anticipé. Les autres termes renvoient à des gestes commerciaux ayant pour but de fidéliser le client.
À noter que l’escompte commercial est un taux fixé directement par l’entreprise. Ses conditions de fonctionnement doivent figurer expressément dans la facture et les Conditions Générales de Vente (CGV).
De plus, l’escompte commercial n’est valable que sur une durée limitée. Une fois le délai écoulé, le client paiera le prix normal, fixé dans la facture.
Si vous ne voulez pas soumettre vos clients à l'escompte commercial, vous en avez parfaitement le droit. Cependant, il faudra l’indiquer clairement dans les CGV.
Combien coûte un escompte ?
Des frais bancaires à prévoir
Pour savoir combien va vous coûter l’escompte bancaire, la formule est la suivante :
(Montant de la créance x taux d’escompte x nombre de jours) / 36 000
Vous devrez vous acquitter de frais auprès de la banque qui vous accorde cette avance. Ces frais découlent d’un taux d’escompte que chaque banque fixe selon :
Votre santé financière
La solvabilité de votre client, c’est-à-dire sa capacité à payer ce qu’il doit
Les frais dépendent également du délai restant entre la date de versement de l’avance par le banquier et la date d’échéance du règlement
La société A conclut une vente de 100 € avec la société X. La première émet un effet de commerce pour obtenir le règlement des 100 € sous 30 jours. Mais elle ne peut pas attendre autant de temps sans percevoir l’argent.
Elle se tourne donc vers la banque B. Cette dernière va alors directement verser 100 € à la société A. En échange, la banque B ira directement demander les 100 € à X au bout du délai de 30 jours.
Entre-temps, la société A devra régler des frais à la banque B. Ces frais vont découler du taux d’escompte de base fixé par la banque B et du délai qu’il reste avant la fin de l’échéance, dans notre cas 30 jours. S'il s’élève à 7 %, le calcul des frais que la société A devra à la banque B sera : (1 000 x 7 x 30) / 36 000 = 5,83 €
Dans ce cas, la société A devra régler 5,83 € à la banque B. Ce montant correspond au paiement du service rendu.
Attention des coûts supplémentaires vont se greffer, par exemple des frais de dossier (examen du dossier et ouverture de l’escompte) ou encore des frais et / ou commissions.
Une réduction du prix de vente
En ce qui concerne l’escompte commercial, il n’y a pas de frais dus à un intermédiaire. En revanche, il faut prévoir que si le client paye plus tôt, vous devrez appliquer un taux sur la facture. Celui-ci permet à votre client de payer moins cher le produit, en récompense de son avance de paiement.
La société A établit un effet de commerce de 1 000 € sous 30 jours à la société X. Si celle-ci règle l’intégralité de la somme au bout de 5 jours, vous devrez alors déduire le taux d’escompte prévu. Par exemple, si celui-ci est de 5 %, X paiera un prix final de 950 €.
Attention, n’oubliez pas de prendre en compte la TVA dans votre facture ! Elle doit être intégrée dans le prix final, en plus de l’escompte commercial accordé à votre client.
Pourquoi opter pour les escomptes ?
Les avantages de l’escompte
Qu’il soit bancaire ou commercial, l’escompte présente un intérêt majeur : éviter tout décalage de trésorerie. Comme dit précédemment, ces situations sont plus souvent rencontrées par les petites structures. Ces dernières peuvent souvent faire face à des manques dans leurs finances, ce qui peut impacter durablement l’activité professionnelle. L'escompte vous offre la possibilité de jouir directement de l’argent dû, en contournant la date d’échéance, et donc de financer de manière pérenne votre société.
L’escompte bancaire bénéficie aussi aux banques puisqu’elles évitent d’avoir trop de clients à découvert. Elles peuvent donc réduire leurs autorisations de découvert, tout en recevant un pourcentage sur la transaction effectuée entre deux professionnels. Elles peuvent d’ailleurs attirer les entrepreneurs en accordant des escomptes sur plusieurs effets de commerce en même temps.
Enfin, l’escompte joue aussi en faveur des clients, qui peuvent bénéficier d’un coût d’achat moindre en cas de règlement anticipé. Ce système peut d’ailleurs s’avérer vertueux, en incitant les professionnels à payer en temps et en heure, mais également en renforçant les relations commerciales et fidélisant les clients avec leurs fournisseurs. Dans ce cadre, le mécanisme des escomptes est un vrai plus pour les entreprises de commerce, par exemple un commerçant grossiste avec son détaillant.
Les inconvénients de l’escompte
Le banquier s’occupe du recouvrement des créances à la place du créancier originel. Dans cette optique, en cas d’impayé, elle n’ira pas se retourner contre le débiteur mais bien contre le créancier lui-même. Attention donc aux mauvaises surprises si votre débiteur n’est pas assez solvable. D'ailleurs, au moment de conclure le contrat d’escompte bancaire, la banque peut vous demander des garanties pour s’assurer du règlement de la facture à l’échéance prévue.
Lors de votre demande d’escompte, le banquier va naturellement estimer les risques. Comme vu plus haut, ceux-ci dépendront surtout de votre trésorerie et de la solvabilité de votre débiteur. Si vous souhaitez escompter plusieurs effets de commerce, il pourra trier et refuser de prendre en charge certains d’entre eux.
En raison des risques d’insolvabilité, l’escompte est exceptionnellement refusé dans deux cas : pour une entreprise en cours de création ou pour une entreprise en difficulté.
Enfin, retenez que l’escompte reste un coût supplémentaire à prendre en compte. Soit vous devrez payer à la banque intermédiaire (escompte bancaire), soit vous accorderez une baisse du prix facturé (escompte commercial).
Vous en savez maintenant plus sur l’escompte. Ce système peut se révéler intéressant pour éviter tout risque de trésorerie. Néanmoins, restez vigilant sur les marges appliquées par votre banquier. Nos experts peuvent vous accompagner dans la gestion courante de votre société. Contactez-nous !